Jaarboek 1985-1986 - pagina 78

récits romantiques de nos ancêtres, mals a la vérité sans masque que, souvent malgré eux, ils nous présentent. Retourner a la litterature, c'est reconnaïtre la presence de ce Mal dont parIe Kolakovski, au sein même des perfections de la société moderne. Votre point de depart est done constitué par un domaine dont les savants se méfient: la litterature, disent-ils, ne peut guère être étudiée scientifiquement et son contenu n'a rien de scientifique. Et au point d'aboutissement de vos recherches surgit un autre domaine non moins suspect aux yeux d'une certaine tradition universitaire: celui du religieux et en particulier de la reUgion chrétienne. La encore, votre attitude frise Ie scandale: vous insistez, après l'étude de la litterature et des mythes, de l'anthropologie et des religions, sur la place privilégiée du christianisme, tandis que, dans la pensee moderne - que Ton songe a Marx, a Freud et a Nietzsche -, celui-ci constitue précisément le bouc émissaire: le christianisme érige des interdits, il nous prive de notre liberté, il met des entraves au plein épanouissement de la science. Pour vous, cependant, la seule alternative a la violence, dont vous mettez a nu les innombrables mécanismes, subtils et pervers: c'est l'Evangile. Grace a vos vastes enquêtes, la question se trouve done posée de fapon radicale, presque gênante: les sciences humaines peuvent-elles faire autre chose que de démasquer notre néant, sont-elles 'condamnées' a nous répéter sous diverses formes qu'il n'y a pas d'autre alternative?

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