1954 Geloof en Wetenschap : Orgaan van de Christelijke vereeniging van natuur- en geneeskundigen in Nederland - pagina 255

QU'EST-CE QUE L'HOMME?

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comme si Ton pouvait en faire abstraction et delimiter un „moi" détaché de tout ce qui lui vient de son passé, de ses ancêtres, des influences qu'il subit et qui le fagonnent. Enfin la science ne peut étudier que ce qui est immobile; la vie, qui est mouvement, lui échappe nécessairement. Un homme n'est pas le même aujourd'hui qu'hier et ne peut être défini ni par ce qu'il est aujourd'hui ni par ce qu'il sera demain; il se crée a tout instant; c'est a cause de cette evolution continuelle qu'il est vivant et que sa vie échappe aux schémas fixes et abstraits de l'intelligence: ,,L'intelligence, écrit Bergson, est caractérisée par une incapacité a saisir la vie". Cette étude scientifique de l'homme s'est complétée par la psychologie qui, au cours de ce dernier demi-siècle, s'est prodigieusement dèveloppée dans la voie de l'analyse. On ne peut plus compter tous les schémas qu'imaginent les psychologues, les notions abstraites qu'ils inventent et définissent: le moi, le soi, le 9a, le je, le sur-moi, c. Et en dernière analyse, la psychologie ne découvre au fond de l'homme plus que des forces tout a fait impersonnelles; les instincts, pour Freud, les archetypes ancestraux, pour Jung. Il semble que ce qui est proprement personnel, la personne, échappe a ces methodes d'analyse sciientifique. Cette methode aboutit nécessairement a des systèmes qui s'opposent les uns aux autres, système spriritualiste ou matérialiste, freudien, adlérien, jungien, etc. Chacun me parait apporter une contribution importante a la connaissance de l'homme. Mais chacun pretend réduire l'homme a un certain schema, a certains mécanismes qu'il a mis en lumière, et il en négligé d'autres. Chacun l'envisage sous l'un de ses aspects en sorte que l'homme tout entier demeure un mystère. Toute notre mentalité, a nous médecins, est fa9onnée par cette discipline scientifique, imprégnée de cette tournure d'esprit scientifique qui procédé toujours par analyse. D'un homme qui se présente a nous, nous saisissons automatiquement certains aspects qui frappent notre attention ou répondent a nos conceptions et a notre specialisation, et nous en négligeons d'autres. Sa qualité d'homme disparait derrière le „cas" que nous voyons en lui. Ainsi nous connaissons tres bien la composition du sang, les fonctions du foie, ou le mécanisme du refoulement, mais une question générale comme celle qui nous est posée ici „qu'est-ce que l'homme?" nous laisse dans le plus grand embarras. Je reviens au livre du professeur Gusdorf. Il nous montre qu'a partir de Montaigne une nouvelle attitude apparait dans l'histoire, qui cherche a se dégager de l'étroitesse des systèmes et de l'analyse et a

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